JOUR 7 – Moscou et sa gare

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Après avoir merveilleusement dormi dans le train de nuit depuis Helsinki, bien plus confortable que les trains de nuit suédois, nous voici arrivés à Moscou, accompagnés par une bruine matinale d’été, remplaçant la célèbre neige moscovite, plutôt rare au mois d’Août.

La grande place Komsomolskaya de Moscou.

Notre prochain train sera le légendaire Trans-sibérien, qui partira le soir-même à 23h45, soit 15 heures à attendre pour un trajet ininterrompu à venir de 7 jours dans un seul et unique train, parcourant toute la Russie, de Moscou jusqu’à Vladivostok!

Les plus longues distances en train du monde se trouvent après ce panneau.

Par chance, la gare d’arrivée et la gare du prochain départ vers l’Asie sont côte-à-côte, ce qui nous fait très peu de marche avec nos sacs à dos, et nous crée un bon repère dans ce quartier de Moscou. Pour être un peu plus précis, ce coin de la capitale abrite 3 gares importantes sur les 9 existantes : Léningrad, Kazan, et Yaroslav.
Initialement, nous aurions dû visiter les trois, avec tout d’abord la gare de Léningrad à l’arrivée des trains en provenance de Finlande comme le Lev Tolstoï, ainsi que celle de Yaroslav, la gare des longs trajets comme l’imbattable trans-sibérien. La troisième gare, de Kazan, devait servir d’hébergement puisqu’elle abrite un hôtel à l’intérieur afin de nous rafraîchir, de nous reposer et enfin de patienter les 15 heures d’attente inévitables de la journée : il aurait été dommage d’attendre autant de temps dans la gare de Moscou, assis sans bouger, n’est-ce pas ? Il est assurément….

Cependant, le climat actuel en capitale russe est très tendu. Les autorités sont à cran car des élections sont à venir début Septembre, et les opposants sont nombreux et massés dans les rues de Moscou.

Photo par Yuri Kabodnov

Ainsi, tout déplacement est sujet à contrôle et fouille par les gardes compétents ou presque : chien drogués pour détection de stupéfiants, surveillants alcoolisés pour tenir les veillées diurnes et nocturnes, et contrôles systématiques à chaque mouvement dans les lieux à flux piéton importants, notamment les gares… Pas moins de cinq contrôles intégraux réalisés pour seulement quitter notre train et nous informer sur le départ de notre prochain.
Un choix fatidique se pose alors :
– Faut-il prendre le risque de quitter cette gare, celle d’où part le trans-sibérien ce soir, afin de rejoindre notre hôtel placé dans une autre gare, pour finalement revenir dans cette gare où nous sommes déjà, en repassant inévitablement une dizaine de fouilles par différents gardiens armés et saouls jusqu’aux dents…. ou faut-il rester ici une quinzaine d’heures et gentiment prendre notre train au quai d’en face ?

Nous voici donc devant un exercice de patience de quinze heures sans pause, à déambuler doucement dans la gare Yaroslavsky de Moscou, en refaisant le monde, jouant à des devinettes puériles, tout en guettant les minutes qui défilent lourdement….

On peut manger russe et boire…. japonais !

Encore heureux que nos gares d’arrivée et de départ soient proches, puisque le train Paris-Moscou n’arrive pas à la même gare que le train Helsinki-Moscou, et nécessite un trajet notable supplémentaire à réaliser en taxi ou en métro.

La bruine matinale a laissé place au ciel bleu de relevée, qui attend le coucher du soleil pour s’assombrir.

Comme nous avons quelques heures devant nous à écouler, voici la raison initiale de notre trajet vers l’Europe du nord : pourquoi passons-nous par autant de pays pour aller en Russie alors que le trajet Paris-Moscou, train direct, existe ? Tout simplement parce que nous ne pouvons pas le prendre.

En effet, depuis 2017, seules les personnes biélorusses et russes ont le droit de traverser la frontière entre la Biélorussie et la Russie. Le train Paris-Moscou traversant l’Allemagne, la Pologne, la Biélorussie et la Russie nous est interdit pour nous, non-(biélo)russes, et potentiellement refoulés à Brest, première ville de l’Ouest de la Biélorussie, éponyme de la première ville de l’Ouest de la France.
À ce titre, des alternatives existent pour atteindre la Russie sans venir depuis la Biélorussie, alors interdire pour deux Français en vadrouille :

  • La Lituanie et l’Estonie qui ne possèdent que peu de voies ferroviaires pour la Russie,
  • L’Ukraine, qui est dans un conflit saumâtre depuis de nombreuses années,
  • La Finlande, qui ne présente aucun risque tout en étant dans l’Union Européenne.

La dernière solution fut notre ultime décision et quelle décision !

Le train apparaît enfin sur le tableau : moins de 4 heures à attendre !

L’horloge tourne et le panneau d’affichage nous somme de nous rendre Voie N°1 pour monter à bord du légendaire trans-sibérien pour une semaine de rêve ferroviaire.

Point de départ d’un trajet mythique en Sibérie.

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